Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies rencontre ce 24 octobre à Bamako les autorités de transition pour tenter de pousser le Mali à revenir à un pouvoir civil après deux putschs en neuf mois.
A Alger, une rencontre entre la junte malienne et des groupes armés
Parallèlement, une délégation de la junte malienne dirigée par le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, a rencontré vendredi et samedi à Alger des chefs de ces groupes armés, indique la médiation algérienne dans un communiqué, sans précision sur ces groupes.
La rencontre « était extrêmement importante dans la mesure où elle intervient à un moment où les tensions étaient palpables entre les différentes parties signataires de l’accord » de paix, a dit, sans autres détails, le colonel Wagué, cité samedi 23 octobre par l’agence officielle algérienne.
Pression contre un report de la présidentielle
Cette visite a lieu au moment où les autorités de la transition affichent ouvertement leur volonté de reporter l’élection présidentielle prévue le 27 février – une date imposée par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) – pour un retour à un pouvoir civil.
Le Conseil de sécurité de l’ONU veut un respect des délais électoraux, après les deux putschs d’août 2020 et de mai 2021.
Après des entretiens avec les représentants de groupes armés signataires d’un accord de paix conclu en 2015 sous médiation algérienne, elle devait être reçue par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et le président de transition, le colonel Assimi Goïta. « Nous sommes ici pour écouter les autorités de la transition et déterminer la meilleure manière de les soutenir dans leurs efforts pour réaliser cette transition », déclarait samedi soir à la presse l’ambassadeur kényan, Martin Kimani, dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité. « Nous sommes aussi venus avec un message clair sur la nécessité d’organiser les élections, d’appliquer l’accord de paix et de stabiliser le centre du Mali », principal foyer de violences arajouté Martin Kimani.
Les ambassadeurs du Conseil de sécurité vont « dans la région soutenir les organisations régionales comme la Cédéao, insister sur le respect des délais électoraux et, si ce n’est pas possible, avoir au moins un calendrier réaliste », expliquait un diplomate de l’ONU à l’Agence France Presse.
Environ un millier de femmes membres de partis politiques opposés à une prorogation de la transition ont manifesté samedi à Bamako, selon un journaliste de l’AFP.
Les alertes de Human Rights Watch
L’ONG Human Rights Watch (HRW) appelait à faire pression sur les autorités maliennes pour que soient ouvertes des enquêtes sur des exécutions et des disparitions imputées aux forces de sécurité.
« Les autorités maliennes devraient enquêter sur une série d’allégations d’exécutions sommaires, de disparitions forcées et de détentions au secret par les forces de sécurité gouvernementales », affirme HRW dans un communiqué publié le 22 octobre.
« Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait profiter de sa visite pour s’assurer que le gouvernement honore ses obligations de respect des droits humains, qu’il enquête sur les abus commis par toutes les parties et engage des poursuites appropriées », ajoute l’ONG.
Des scènes de tortures et des allégations d’exécutions sommaires
« Depuis septembre, au moins 14 hommes, vus pour la dernière fois alors qu’ils étaient détenus par des forces de sécurité ont disparu ou restent détenus au secret » et « les corps de trois hommes qui auraient été exécutés après leur arrestation par des soldats début octobre ont été retrouvés près du camp de l’armée dans la ville de Sofara »(centre), poursuit HRW.
A la suite de la diffusion sur les réseaux sociaux d’images de tortures et de cadavres, l’armée malienne a affirmé dans un communiqué le 13 octobre « qu’en ce qui concerne les scènes de tortures les faits ont été renseignés et les auteurs formellement identifiés », puis sanctionnés et « mis à la disposition de la gendarmerie ».
En revanche, l’armée s’inscrit « en faux contre les allégations visant à (l’)incriminer dans les exécutions sommaires dont les images ont inondé la Toile ».
Après le Mali, la délégation du Conseil de sécurité se rendra dimanche au Niger voisin.